Par
Monde-En-Marche dans
News le
18 Février 2011 à 16:36
Interview de Gaby COMPS, professeure à lIATA de Namur en Belgique
Par Mathurin Petsoko - 19/01/2011
«Au Cameroun, nos élèves ont appris à se débrouiller. Ils ont vu quavec peu de moyens, on arrive à faire quelque chose»
Mme Comps, quest-ce que vous avez exactement fait au Cameroun tout au long de la 2e édition du FIFMI qui sest tenue du 8 au 12 janvier 2011?
En fait jétais dans latelier de sérigraphie. Philippe Van RAVINSTYN est sérigraphe professionnel, moi je suis venue ici accessoirement, cest-à-dire que je donne plutôt de la sérigraphie artistique. Donc cest faire des recherches graphiques et la sérigraphie est une création technique comme toute autre pour arriver à une création artistique. Donc on est assez complémentaire Philippe et moi.
Quest-ce que vous avez apporté aux jeunes camerounais ?
Ce qui ma impressionné, cest dabord cette confiance en soi, cest voir que tout le monde a un potentiel et ce nest pas dépendant dune technique bien sûr, on est venu avec une technique, mais vous voyez, le premier jour où on a fait le stage, on leur a montré comment on imprimait. On avait pré imprimé des choses et on leur a montré comment ça se passait. Je leur ai dis, maintenant vous allez non plus imprimer quelque chose quon a fait, mais vous allez imprimer quelque chose qui vient de vous. Le festival porte sur le thème de la musique, mais pourquoi pas vous, montrez pour vous ce que représente limage de la musique et dont chacun qui assistait à ce stage, quil soit dessinateur, monteur ou acteur. Ils ont un peu eu langoisse de la feuille blanche pendant quelques minutes et puis ils se sont pris au jeu et si vous voyez tous les t-shirts imprimés avec leurs dessins, ils sont très fiers. Et pour moi, apporter une technique aux jeunes camerounais, mais donner aussi une confiance, pour moi je trouve ça très très important.
Comment est-ce que vous avez trouvé le niveau des jeunes apprenants?
Il y avait tous les univers. Il y avait ici deux artistes confirmés, et vraiment jétais très impressionnée par leur façon de faire. Il y avait des artistes un peu amateurs, des étudiants de lUniversité qui sont dans un club darts plastiques, et puis il y avait aussi dautres personnes. Donc il y avait des personnes des niveaux différents, mais limportant cétait quils y ont mis leur cur. Je leur ai demandé de corriger un certain nombre de choses et ils ont vraiment pris la peine de corriger pour améliorer leur propre travail et je suis très contente de lexpérience.
Gabrielle COMPS à Ngaoundéré
A la fin du festival vous avez eu le sentiment dune mission bien accomplie?
Oui, presque ! Jai un petit regret cest quen 2009, javais rencontré Arice Siapi, javais fait un travail avec des étudiants sur le Festival International du Film Francophone (FIF) de Namur, javais réalisé des sacs faits avec de la bâche recyclée avec un dessin et avec des ceintures de sécurité des véhicules. Arice Siapi a vu ça et elle a dit cest magnifique, il faut le faire ici. Et donc, jaurai aimé que les élèves travaillent, mais ils nont pas de bâches plastiques ici mais ils ont des sacs de riz. Donc, javais pris, mais malheureusement, il y a eu des problèmes techniques. Pas de machines à coudre, voilà, cest comme ça. Chez nous, ce nest pas la même chose. On est organisé, tout est prévu. Ici, on mavait dit ne tétonnes pas si tu narrives pas au résultat. Mais ce nest pas ça limportant, limportant cest le contact, cest la rencontre, cest léchange et donc moi je suis quand même très contente parce que tout le monde est arrivé à quelque chose, à avoir imprimé son propre graphisme sur son t-shirt et voilà, ça cest très important. Donc je suis très importante.
Dautres difficultés?
Ce qui est dommage aussi cest que Air France nous a mis les bâtons dans les roues. On allait venir avec notre encre pour imprimer sur place avec nos bâches plastiques, on a dû rentrer la fiche technique à Air France et ils nous ont dit, pas question de mettre ça dans la soute parce que cest un produit chimique. Pourtant cest ininflammable, ce nest absolument pas dangereux, mais cétait étiqueté produit chimique, quon aurait dû transporter ça par cargo. Heureusement à Douala, on a eu des contacts, un imprimeur nous a vendu deux petites boites, donc on a pu faire avec les moyens de bord. Mais ce qui est très intéressant aussi cest que nos élèves ont vu quavec peu de moyens, on arrive à faire quelque chose. Ils vont revenir en Belgique grandis de cette expérience.
Parlant justement de vos étudiants, quest-ce quils ont appris de plus ici?
Ils ont appris à se débrouiller. Voyez, nous pour nettoyer un cadre, on a un karcher qui est un tuyau deau avec une forte pression. Ici on na pas tout cela. Donc cest de leau et des bras pour le nettoyer. Donc ils ont vu quon prend le temps et on le nettoie. Les élèves ont dû soccuper des stagiaires et ils ont appris lautonomie. Cest très important. Cest dans les objectifs de notre école en 7e année. Et ici, ils ont gravi plusieurs marches pour arriver à lautonomie.